mercredi 7 septembre 2011

Réponse à l'Initiative Nationale pour le Changement


Chers signataires de l'Initiative nationale pour le changement en Syrie1:

Toronto, le 30 avril 2011

Platon a dit: "Une des pénalités dans le fait de refuser de participer à la politique, est qu'on fini d'être gouverné par des inférieurs". Pour cette raison, je fais toujours de mon mieux pour exercer mes droits et mes responsabilités politiques. Par conséquent, comme un bon citoyen syrien, j'ai lu avec attention votre initiative et formulé ma contribution à ce sujet, que je vais exposer dans ce message.

D'abord, votre initiative est venue à un moment très critique de l'histoire de la Syrie. Les développements sur le terrain, le mécontentement des gens et les manifestations s'accroissent très rapidement. Pendant ce temps, il ya un manque grave dans le processus politique qui peut mener ce soulèvement pour produire ses résultats favorables. Ce manque de processus politique est à la fois de la part du gouvernement et de l'opposition. Le gouvernement a tenté de faire quelques «réformes», mais ces «réformes» est venu « trop peu, trop tard ». De plus, ces réformes semblaient timides, peu convaincante et hypocrite. Cela signifie que le gouvernement va sans doute s'effondrer un jour ou l'autre sous la pression du peuple. Voici la question importante : Où sont les initiatives politiques de l'opposition?! Sans une alternative politique, le pays va entrer dans le chaos, des agitations énormes et peut être une guerre civile. Ainsi, votre initiative est venue pour remplir dans une certaine mesure le manque de processus politique sérieux en Syrie. Cependant, j'ai quelques commentaires sur cette initiative.

Tout d'abord, dans votre proposition vous comptez sur le président pour comprendre la réalité et de se démissionner maintenant pour le bien du pays. Malheureusement,  je pense que cela n'arrivera pas. Je connais Bachar personnellement. Je sais bien de quel type de personnalité il est. Bachar a été une "bonne" personne, toutefois superficielle. En effet, Bachar n'a pas une bonne compréhension de la vie réelle. Par conséquent, Bachar aurait pu avoir des bonnes intentions, quand il a commencé sa présidence. Cependant, il n'a pas la capacité de les réaliser. Cet échec est inhérent à son caractère qui manque de charisme et d'intelligence sociale. Ainsi, il n'a pas été en contrôle et qu'il ne sera pas ; il n'a pas eu le courage, et il n'aura pas prochainement. En bref, il est immature et n'a pas de capacités personnelles qui lui permettent d'avoir une croissance psychologique appropriée. Comme vous le savez, les gens quand ils ne peuvent pas progresser psychologiquement, ils régressent (s'il vous plaît se référer à Karen Horney dans «nos conflits intérieurs»). En d'autres termes, ils s'aggravent et devienne  plus dysfonctionnel et par conséquent plus mal. Ceci s'applique particulièrement aux gens immatures au pouvoir, parce que pendant leurs règnes, ils deviennent extrêmement possessifs, arrogants, narcissiques, impitoyables et paranoïaques (s'il vous plaît se référer à Eric Fromm dans « La passion de détruire : Anatomie de la destructivité humaine»). Bachar ne fait pas exception. A ce jour, il certainement croit qu'il est né pour être président. Même, il est le meilleur d'eux tous. Il est le sauveur de la Syrie et probablement du monde arabe entier (comme son père avait l'habitude de croire). Ne pensez pas que pour eux ce sont des mots vides avec lequel ils essayent simplement de nous bluffer. Pas du tout, ils y croient profondément dans leurs esprits. Ces fausses croyances sont appelées en psychologie des auto-illusions (s'il vous plaît se référer à Cordelia Fine dans "Un cerveaux de son propre chef"). Cependant, Bachar sait que sans la présidence, il n'est rien. Personne ne va le respecter. Personne ne va le glorifier. Personne ne va l'adorer. Par conséquent, ne comptez pas sur lui de quitter la présidence simplement pour le bien du pays. Il ne laissera pas facilement la présidence. Il n'abandonnera pas avant d'atteindre le point d’effondrement psychologique total (je peux en dire davantage sur ce point, si vous le souhaitez). D'autre part, il va quitter à la fin, lorsque les manifestations s‘accroîtront et le pays au bord de la destruction totale. En bref, il va finalement quitter la présidence non pas parce qu'il aime le pays, mais à cause de son effondrement psychologique.

Avant que le président démissionne officiellement, encourager n’importe quel haut officier militaire, même si c'est le ministre de la Défense ou le chef d'état-major, d’essayer de prendre le pouvoir politique me semble irresponsable, car telle tentative conduira à un schisme dans l'armée et se traduira par une guerre civile semblable à celle de Libye. Comme vous le savez, dans l'armée il y a de nombreuses unités qui sont fidèles à Maher al-Assad, qui lui obéiront jusqu'au bout. Maher ne renoncera pas facilement sa position, même si Bachar quittera la présidence. Tant que Bachar est toujours officiellement au pouvoir, les unités de Maher seront légitimes. Maher va combattre jusqu'au bout pour maintenir le régime. Cependant, quand Basher démissionne ces unités seront illégitimes, si elles n'obéissent pas à la personne qui sera ensuite le commandant en chef. En bref, si un haut officier militaire essaye de prendre le pouvoir politique dans l'état actuel, nous verrons une situation similaire à celle survenue en 1984 lorsque Rifa'at el-Assad a mis ses chars militaires dans les rues de Barzza (á Damas) face aux chars de combat du reste de l'armée syrienne. Par ailleurs, je ne préfère pas, personnellement, toute participation de l'armée dans le processus politique. Je crois fermement que Bachar va démissionner quant les manifestations augmentent, conduisant à son effondrement psychologique.

Pour toutes les raisons ci-dessus, je pense que votre proposition n'est pas une solution viable à la crise actuelle, même si elle a stimulé nos cerveaux et nous a fait réfléchir sur la dimension politique de la crise. Ai-je une proposition alternative?! La réponse est simplement "non". Mais, j'ai quelques idées pour échanger avec vous:

1. Nous (je parle de ma position comme un citoyen syrien ordinaire) ont besoin de plus d'idées et de propositions auprès de vous et de les autres groupes d'opposition. J'espère que ces groupes vont échanger leurs idées avec le reste des groupes d'opposition et le peuple syrien (au moins à travers les médias qui atteignent plupart des Syrien) jusqu'à il y a un certain consensus parmi un pourcentage raisonnable des groupes d'opposition sur un plan commun d'action.

2. Les groupes d'opposition devraient commencer à exposer non seulement leur point de vue concernant la manière de résoudre la crise actuelle, mais aussi leurs visions pour l'avenir du pays. Ceci devrait inclure les échecs du passé (bien sûr, sans accusations ou blâme) pour l’éviter à l'avenir. Cet échange d'idées, si civilisée, va accélérer la chute du régime, fortifier l'opposition, encourager le peuple syrien á joindre la révolution et faire la période de transition plus facile.

3. Si la situation continue pour quelque mois comme il est maintenant avec de gens tués tous les jours, les groupes d'opposition doivent se rencontrer et d'essayer de formuler une vision commune pour la crise. Ils devraient le faire avec des réunions informelles d'abord et enfin dans une conférence officielle. Une opposition unifiée brisera le régime et accélérera sa chute. Je sais dans quelle mesure ces réunions seraient difficiles. En fait, ma connaissance sur les groupes d'opposition en Syrie est très limitée.

4. A la fin, si les gens continuent leurs manifestations et le gouvernement poursuivra sa répression sans aucune solution politique à l'horizon, l'opposition doit former un gouvernement en exil, qui gagnerait la reconnaissance de tous les gouvernements occidentaux. A ce moment, le régime perdra toute légitimité et tombera plus rapidement que nous le pensons. De plus, cela rendrait la transition plus facile et les gens plus confiants dans leur lutte.

J'envoie ces idées à vous comme un citoyen syrien ordinaire qui fait toute attention à accomplir ses devoirs et de prendre l'opportunité de bénéficier ses droits. Je ne travaille pas et n’ai pas l’intention de travailler en politique. Je suis médecin et chercheur, en effet, c'est le seul travail à travers lequel je me sens que je peux réaliser mon potentiel humain.

Cordialement

Haytham Khoury

(1) P.S. Ce message a été envoyé à Radwan Ziadeh, Najib Ghadbian  et Aussama Munajed, le 30 avril 2011 en réponse à leur Initiative nationale pour le changement en Syrie publiée le 29 avril 2011.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire